Luc Kouade

Côte d’Ivoire : l’éducation nationale se porte mal

Lundi 10 septembre 2018. Date officielle de la rentrée des classes en Côte d’Ivoire. L’atmosphère est à l’euphorie des revendications syndicales comme le système éducatif ivoirien s’en est accoutumé depuis des décennies.
Ivoire Intellect-éducation nationale
Photo: AbidjanTV

La raison : une augmentation des frais de scolarité dans le primaire. On se plaint donc que les frais de scolarité, fixés, d’après l’arrêté n°0106 du 17 octobre 2011, à 6 000 FCFA aient augmenté de 15 000 FCFA, soit 21 000 FCFA à payer comme droit d’inscription au primaire, au titre de l’année académique 2018-2019.

A Bouaké, le Comité des élèves et étudiants de Côte d’Ivoire (Ceeci) est monté au créneau le 10 septembre 2018 (jour J de la rentrée) pour interdire tout simplement le premier jour de classe. Le lendemain à Abidjan, c’est la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci) qui a pris le relais pour imposer à la capitale économique son traditionnel ballet de « jets de pierres » et de désordre public.

En fin de compte, la rentrée scolaire n’a été effective, comme l’aurait souhaité la société civile ivoirienne sur l’ensemble du territoire national. Plusieurs villes se sont démarquées du spectre de grève qui prévalait, mais dans l’ensemble on retiendra une rentrée des classes contestée. À qui la faute?

À qui la faute?

Les revendications des différents syndicats d’élèves et étudiants s’adressaient visiblement au gouvernement ivoirien, duquel ils ont exigé le respect de l’arrêté, portant fixation des frais d’inscription dans l’enseignement primaire public. Or de son côté, le gouvernement ivoirien explique que ces augmentations ne relèvent aucunement de ses responsabilités.

Plus de détails ici 👉https://bit.ly/2MC0zfU

Et pourtant, plus de 5000 enfants n’ont eu droit à leur premier jour de classe.

Faut-il imputer cela au gouvernement ivoirien, qui d’entrée de jeu n’a situé les responsabilités quant à l’augmentation progressive (au fil des années académiques) des frais d’inscriptions?

Ou est ce qu’il faut tirer les oreilles aux agitateurs de la Fesci et du Ceeci, qui – peut-être – au gré de l’euphorie, ont causé des embrouilles sans comprendre le fonctionnement des choses?

Le COGES en Côte d’Ivoire

De tous les schémas d’explication et de compréhension possibles, le COGES (Comité de gestion des établissements scolaires) n’est pas à exclure du lot des responsables connus de cette situation que subit l’école ivoirienne.

Les Coges, entités qui perçcoivent le surplus (15 000 FCFA) des frais d’inscription, fixent ceux-ci selon les besoins (techniques et d’équipements) des établissements d’enseignement public en Côte d’Ivoire. Cependant, leur fonctionnement semble ne pas être connu, sinon, apprécié des syndicats et parents d’élèves.

En dépit de la situation et de son corrolaire de grèves qui, à chaque année académique pénalisent le système, aucune mesure significative n’est encore prise pour le dénouement (une fois pour toutes), des crispations érigées désormais en normes.

Les manifestations de la rentrée scolaire ont sonné l’entame des grèves, et le ballet se poursuivra – certainement – jusqu’à la date prévue des vacances scolaires. Programmes achevés ou pas, le fait est dorénavant participant de la routine et c’est aux élèves de s’y accomoder.


C2D: les sept coups de l’émergence ivoirienne

Le développement, si l’on croit ses attributs, est la quête du monde la mieux partagée. Il est d’autant plus partagé, que les intérêts géopolitiques des uns et des autres semblent se frayer un voie unique vers sa réalisation. Ce n’est certainement pas le village planétaire qu’est devenu notre monde qui en dira le contraire.

Bien avant les premières heures d’indépendance en Côte d’Ivoire, les politiques d’aménagement – menées par les colons français – avaient consenti au développement des territoires. Un combat mené tant bien que mal par les politiques post-indépendances. Une quête de la cité idéale ivoirienne.

Allez comprendre par là, de meilleures conditions de vie pour les populations rurales et urbaines ; des infrastructures durables de qualité ; une population nationale majoritairement scolarisée ; un système sanitaire en phase avec les exigences de santé ; une couverture sociale offrant aux moins nantis le minimum pour vivre, etc. La liste est exhaustive.

Depuis le 28 juin 2012, la réalisation de ce monde idéal repose sur une trilogie de lettre : CDD (Contrat de désendettement et de développement) ou C2D pour le grand public. De quoi s’agit-il ?

Le C2D en bref

Pour faire comprendre le C2D aux moins assidus des politiques économiques, disons que c’est une dette remise à la Côte d’Ivoire, dont l’équivalent de la somme lui est versé comme fonds publics pour financer son développement. Le citoyen ivoirien comprendra mieux quand je dis c’est « l’argent de PPTE ».

De l’argent destiné à financer le développement. Un développement dont les initiatives sont sensées être suivies et orientées selon les besoins des populations et les orientations gouvernementales.

Ceci dit, en Côte d’Ivoire, le C2D s’est penché depuis 2012 sur sept secteurs de développement. Lesquels sont financés pour un coup global de 1900 milliards de francs CFA, reparti en deux périodes.

Le premier C2D : de 2012 à 2015, d’un montant total de 413,25 milliards de francs CFA (Déjà épuisé).

Le deuxième C2D : De 2014 à 2020 (année prévue pour l’émergence économique de la Côte d’Ivoire), qui s’élève à 738 milliards de francs CFA (fonds en utilisation).

Les sept coups de l’émergence avec le C2D

Si la Côte d’Ivoire, depuis 2011, a fait le pari de l’émergence économique à l’horizon 2020, il n’en demeure pas moins que sa stratégie de développement repose sur le potentiel économique du C2D. Un contrat qui jusque là a engagé pour le développement en Côte d’Ivoire, plus de 1000 milliards de francs CFA.

Ses initiatives, comme annoncé plus haut, repose sur 7 secteurs de développement que sont :

  • L’agriculture, le développement rural et l’environnement
  • Le développement urbain ; l’eau et l’assainissement (2 secteurs complémentaires)
  • L’éducation-formation-emploi
  • La santé
  • La justice
  • La sécurité

Sur ces secteurs de développement, repose l’essentiel de l’investissement économique du C2D. C’est ce que j’appelle les sept coups de l’émergence ivoirienne. Je vous invite donc à en faire un tour d’horizon !

L’agriculture, le développement rural et l’environnement

Pour ce secteur pilier de l’économie ivoirienne, les deux contrats C2D ont déployé à ce jour, 134 milliards de francs CFA. Un investissement qui s’est traduit par un appui financier et technique aux agriculteurs et structures associées au développement rural.

Ce sont par conséquent 90 000 actifs du monde agricole qui ont reçu des équipements (arrosoirs, intrants, semences améliorées, etc.). 6000 km de pistes ont été réhabilitées dans les zones rurales et 1400 ha de surface cultivées, améliorées.

La préservation de la biodiversité a constitué également un point d’honneur de ce chapitre d’investissement du C2D.

Le développement urbain, l’eau et l’assainissement (deux secteurs combinés)

De la rénovation à la construction d’infrastructures routières en passant par la densification du réseau d’adduction d’eau potable, ce « coup de l’émergence » participe de 359 milliards de francs CFA aux budgets des deux C2D.

Les grands ouvrages dont le Pont HKB et les subventions sur l’abonnement aux réseaux d’adduction d’eau en constituent certaines des réalisations. En chiffres, on peut noter 540 km de bitume, 220 km de routes renforcées et 15 ponts bâtis et rénovés.

Le réseau d’adduction d’eau potable s’est étendu à 23 000 nouveaux ménages pour 100 000 m3 par jour.

L’éducation-formation-emploi

Pour un coût global de 209 milliards de francs CFA, ce secteur aux multiples branches a connu une véritable mutation, notamment pour ce qui est de l’accroissement de l’effectif scolaire en milieu rural. A ce titre, 100 000 nouveaux collégiens proviennent chaque année des milieux ruraux.

Dans l’enseignement primaire et maternel, notons 23 000 nouvelles places. La réhabilitation des universités ivoiriennes et grandes écoles publiques sont à l’actif de ce portefeuille.

L’enseignement technique et la formation professionnelle ont connu également des réformes après la construction et la réhabilitation de 12 centres de formation. Concernant l’emploi, le C2D a pourvu à l’accompagnement et la promotion de l’auto-emploi, au profit de 50 000 jeunes de Côte d’Ivoire.

La santé  

Au fil des deux C2D, le secteur sanitaire, l’un des plus cruciaux au développement d’un espace, a drainé 107 milliards de francs CFA. Un investissement destiné à l’optimisation de la politique ivoirienne de planification familiale, l’amélioration de l’offre de soins et le renforcement du secteur commercial des produits pharmaceutiques.

Le bilan en chiffres du secteur sanitaire s’établit comme suit : plus de deux (2) millions de femmes et enfants touchés par la couverture sanitaire, 70 dispensaires urbains et ruraux équipés après réhabilitation, et plus de 500 000 personnes formés à la planification familiale.

La justice

La justice en Côte d’Ivoire s’est vue également impactée par le C2D à hauteur de 56 milliards de francs CFA.

De cette somme, 6 établissements judiciaires et pénitenciers ont vu le jour. Plus de 3500 actifs du milieu judiciaire ont été formés et un peu plus de 100 000 personnes ont participé aux programmes de sensibilisation au respect des droits humains.

La sécurité

Le domaine sécuritaire a connu pour sa part un financement amenuisé à l’issue des deux C2D. Jusqu’à maintenant, 20 milliards de francs CFA ont été injectés pour réformer le secteur de la sécurité.

Cet investissement a consisté pour l’essentiel, à conduire des études visant à mettre en exergue le schéma sécuritaire ivoirien. Lequel, aux sorties d’une décennie de crise, laisse transparaître des remous sociaux et des craintes quant à l’avenir.

Après le bilan du C2D, place aux impressions

Sans conteste, le C2D ivoirien a su faire montre d’une aptitude poussée au développement des infrastructures. Les bilans chiffrés, ainsi que le constat sur le terrain en ont démontré l’effectivité.

Ceci dit, les exploits semblent ne pas attirer les acclamations de toutes parts. Le C2D ivoirien, comme l’ont laissé entendre les représentants des sociétés civiles ivoiriennes et françaises, « a trop souvent la couleur du béton et l’odeur du goudron ».

Les plus démunis en Côte d’Ivoire, si l’on croit les représentants des sociétés civiles, ont besoin de ressentir les lourds investissements du C2D dans leurs assiettes. Sans quoi, la grogne sociale ne saurait faire place au satisfecit du développement infrastructurel ivoirien.

Un équilibre dans la satisfaction des besoins s’impose. Quand bien même les œuvres, sinon chefs d’œuvres pour certains, sont réalisés au profit des populations, le quotidien de celles-ci requiert pour sa survie, du pain.

Il ne s’agit pas d’aumône, mais d’une redistribution équitable des produits de la croissance économique dont la moyenne depuis 2012 est de 8,5%. Une hausse de l’indice ivoirien de développement humain (IDH) qui aujourd’hui se positionne au 172e rang sur 188 pays.

 

A présent, découvrez en images, certaines des réalisations du C2D, de 2012 à aujourd’hui…

NB: Les chiffres relatifs au C2D proviennent du Secrétariat technique du C2D / Les autres chiffres sont issus des rapports économiques du gouvernement ivoirien et de l’ONU.


Le C2D et les réformes de secteurs sociaux en Côte d’Ivoire

Le jeudi 28 juin 2018, comme annoncé dans mon précédent billet, c’était la date anniversaire des 5 années d’exercice du Contrat de désendettement et de développement (C2D) ivoirien.

Lire aussi: Le contrat de désendettement et de développement (C2D) a cinq ans

A cette occasion, le C2D ivoirien a été célébré et le grand bilan de ses activités a été présenté au public à travers des discours, des documents et notamment une exposition photo.

Le bilan, aussi fructueux parait-il, n’a pas fait exempt de controverses de la part de ceux de la société civile. Il ressort des interventions que les préoccupations existentielles des populations ivoiriennes soient reléguées à l’arrière plan des grands travaux d’infrastructures.

Comme pour répondre à cette polémique, une conférence débat a tenu le décor de l’après midi de ce jeudi, jour de célébration des 5 ans d’activité du C2D. Thème: Le C2D dans les réformes des secteurs sociaux en Côte d’Ivoire : l’Éducation et la Santé

Je n’en dirai pas plus, bonne écoute…

Restez connectés…Bientôt un article bilan, riche en images sur les activités du C2D depuis 2012.


Le Contrat de désendettement et de développement (C2D) a cinq ans

Le contrat de désendettement et de développement (C2D) est un mécanisme économique initié en Côte d’Ivoire, par la France, à la faveur de l’initiative PPTE (Pays pauvres très endettés). Laquelle, amorcée depuis juin 1999 par les Etats membres du G7 (dont la France) a fini par accoucher, le 28 juin 2012, d’un mécanisme de refinancement par dons des échéances dues par plusieurs pays francophones, dont la Côte d’Ivoire.

Depuis lors, la Côte d’Ivoire bénéficie de 1900 milliards de francs CFA pour financer son développement. Le C2D fonctionne tel qu’aussi tôt la dette de la Côte d’Ivoire remboursée, la France lui accorde une subvention économique à sa mésure, pour financer des programmes de lutte contre la pauvreté définis par les deux parties.

Pour en savoir plus👉👉https://bit.ly/2MWDben

Célébration des cinq ans du C2D

Le 28 juin 2018, le C2D a cinq ans. La commémoration de ces cinq années sera le lieu de célébration des initiatives de développement entreprises entre les gouvernements ivoirien et français. L’auditorium de la primature, sis à Abidjan, abritera cette manifestation parée de bilans et de distinctions. Horaire: de 8h30 à 18h00.

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Hashtag: #c2dciv


Quelles sont les origines des catastrophes liées aux pluies diluviennes en Abidjan?

Ces dernières semaines en Côte d’Ivoire, la saison pluvieuse a produit bien de catastrophes dans le milieu urbain. Les pluies tant attendues des populations agricoles lors des périodes sèches d’octobre 2017 à mars 2018, ont trait, dans le milieu urbain à un monstre diluvien qui sème sur son passage désolation et inondation.

A qui la faute? Quelles raisons sont-elles susceptibles d’expliquer ce phénomène? Que faire pour pallier ces catastrophes? Pas à pas, chacune de ces préoccupations trouvera une réponse. Suivez-moi!

Les catastrophes, à qui la faute?

A qui imputer les catastrophes liées aux pluies diluviennes? A priori on pourrait répondre à la nature ou du moins à la pluie. Mais à mon avis, rien n’est plus loin de la vérité.

Pour situer les responsabilités il faut regarder aux volumes passés des pluies en Côte d’Ivoire et mener une comparaison de ce que revêt l’analyse de la pluviométrie en 2018. Disons que de l’an 2000 à aujourd’hui, les précipitations se sont accrues à un rythme effroyable, notamment en zone forestière.

On est passé de la moyenne des 45 mm de pluie à 90 mm de pluie aujourd’hui en 2018. Soit deux fois le volume en moins de 20 ans. Ce n’est là qu’une raison. Elle même trouvant sa causalité dans le changement climatique, conséquence de l’émission massive des gaz à effet de serre issues des industries des pays développés et en développement de la planète.

Lire aussi: Qui sont les pires pollueurs de la planète?

Mais, nous parlons des catastrophes. On ne saurait en cette ère dominée par le progrès des techniques humaines admettre lâchement un déterminisme naturel sans que les hommes n’aient à une quelconque mesure la possibilité de se dérober à la fatalité.

En Côte d’Ivoire, et plus précisément dans la capitale économique Abidjan, on peut carrément imputer les catastrophes des pluies à l’inadaptation du schéma directeur d’urbanisme. Ce schéma tant chéri des politiques passées est caduc et requiert l’urgence de sa restructuration.

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Le plan directeur d’urbanisme d’Abidjan réalisée avec les données de l’an 2000.

Merci de voir la carte actualisée du plan d’urbanisme ici

En 2016, le gouvernement faisait l’annonce d’un nouveau plan directeur de la ville, qui prévoyait son expansion à 6 communes des environs. De grands travaux ont été exécutés dans cette veine. Mais une question reste à poser.

La variabilité climatique a t-elle vraiment trôner lors de l’élaboration du plan de restructuration du « Grand Abidjan »? Laissons la question posée!

Lire aussi: Le nouveau schéma directeur d’urbanisme du Grand Abidjan étendu à 6 communes périphérique  

Les raisons des catastrophes liées aux pluies diluviennes

Les pluies comme on peut le qualifier ont dernièrement les attributs d’un déluge. Il en va ainsi et la société (politiques publiques et populations) devrait plutôt trouver les moyens de pallier ses effets que de renforcer l’armure dans laquelle elle frappe. Laquelle finira d’ailleurs par céder.

Les politiques publiques, sinon à une échelle raisonnable, les municipalités, se sont faites complices du désordre urbain. Désordre qui se traduit par les installations anarchiques des commerces, le lotissement sans règles urbanistiques véritables et l’installation des habitations de fortune à proximité et dans les zones réputées non habitables.

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Caniveau bouché-Abidjan
IvoireIntellect-pluies-Maison bâtie anarchiquement-Abidjan
Maison bâtie anarchiquement-Abidjan
IvoireIntellect-pluies-Construction sur caniveaux
Maison bâtie sur un caniveau

Plus d’infos… https://bit.ly/2HgiuWI / https://bit.ly/2HiRlCz / https://bit.ly/2JaAPub

Les conséquences sont connues. Lors des périodes de crues pluviométriques, les canaux d’évacuation (déjà inadaptés) encombrés par les commerces et les déchets (plastiques dans la plupart des cas) sont en incapacité de contenir le flux des précipitations.

L’eau se créé de nouvelles voies et bonjour les inondations; bonjour l’érosion; bonjour les dégradations de chaussées.

Il en est de même pour les superficies non viabilisées qui s’arrachent aux portes des mairies comme de petits pains. Un bulldozer pour le tracé orthogonal; des briques pour borner, le tout approuvé par une chefferie villageoise et les nouveaux fronts d’urbanisation prolifèrent dans la capitale.

Sinon, comment expliquer que des îlots consacrées aux normes urbanistiques, bâtis par la suite selon les règles de construction dictées par le Laboratoire du bâtiment et des travaux publics (LBTP), soient à la moindre goutte de pluie, le lieu certifié des inondations? Qu’on ne me parle pas de déterminisme svp!

Il faut y voir non seulement la complicité des services compétents, mais surtout l’incivisme caractéristique d’au moins 2/3 des propriétaires d’habitations à Abidjan. Comme pour dire que le suivi des voies indiquées n’est pas vraiment l’apanage des ivoiriens. Je n’exagère rien.

Pour parler des constructions de fortune qui en dépit des opérations de déguerpissement trouvent toujours le lieu de proliférer, il faut se référer d’une part à la souplesse du dispositif de restructuration urbaine. D’autre part, une réalité sociale qui impose aux populations le choix de la capitale Abidjan comme l’eldorado ivoirien est à montrer du doigt.

Là dessus, les politiques de décentralisation sont à toucher. On en reviendra dans un autre billet. 

Que faire?

Oui que faire? Il ne suffit pas juste de lancer des pierres, situer les responsabilités selon nos analyses et attendre que le problème trouve tout seul une issue. Au regard de ce qui a été dit, qu’y a t-il à entreprendre? Pour ma part une trilogie de réformes essentielles.

  • Mettre les citadins au centre des décisions d’urbanisation

Avant tout il faut s’engager à réformer le plan directeur d’urbanisme de la capitale. Non sans intégrer les populations à l’élaboration de ce nouveau schéma. La prise de décision des initiatives de restructuration doit associer les premières victimes des pluies diluviennes, à savoir: les populations.

Un cadre de concertation conforme aux exigences de l’innovation publique, qui placera au cœur des réflexions la volonté des populations citadines. Car trop souvent, elles ont été spectatrices des décisions de politique urbaine quant les déboires desdites politiques les affectaient premièrement.

  • Restructurer profondément le système de lotissement et de construction en ville

Depuis 2000, on observe en Côte d’Ivoire un foisonnement d’acteurs dans les procédures de lotissement des milieux urbains, et quelques fois même en milieu rural.

Des préfectures au mairies, en passant par les conseils généraux (aujourd’hui inexistant) et le ministère de la construction, on ne sait au juste à qui est dévolue la responsabilité de lotir et de distribuer les parcelles à usage de construction.

Il faut déjà que les responsabilités soient situées au vu et au su de tous, afin que les parts des initiatives du développement urbain soient équitablement distribuées entre les institutions. De la sorte, au moindre dysfonctionnement du dispositif urbain, l’entité de tutelle fera face à ses responsabilités.

Egalement, prévoir l’institution d’une police urbaine pour traquer et sanctionner à la mesure du dispositif légal, les atteintes aux normes de construction en ville. Initier en marge des principes fondateurs des entités décentralisées, un organisme de contrôle de la politique urbaine des collectivités, notamment les mairies.

  • Développer une politique environnementale prospective

En Côte d’Ivoire, les exemples sont devenus légion, de l’atteinte à l’environnement qui au fil du temps et au gré de l’inaction, fini par entamer le tissu environnemental et le bien être de tous. Que premièrement, les sanctions pénales (applicables et appliquées) soient au cœur de la politique de régulation environnementale.

Il faudra certainement fuir les pesanteurs africaines, dont le poids acharné sur les politiques de gestion donne lieu à une coutume de tolérance répétée, d’impunité, et donc de désordre et d’incivisme environnemental.

Superviser et encadrer la conception des plans de construction des nouveaux fronts d’urbanisation rendra énormément service. Car trop souvent, les atteintes les plus répétées à la qualité de l’air et les inondations intempestives proviennent de ces zones bâties à la hâte et au gré de la forte demande de logement.

Faire déguerpir des zones dangereuses leurs résidents, et modeler l’espace pour le rendre moins à risque, au profit des populations voisines. Dans cette logique, établir un contrôle sur le coût de location des habitations parait logique hein.

Merci de votre attention. Pour toutes impressions, merci de laisser un commentaire.


Le système ivoirien de formation en déphasage avec les exigences mondiales

Aujourd’hui, en faisant ma visite traditionnelle sur la toile, je suis tombé sur cette image (en dessous) postée par Fulbert Evan’s Koffi. Il y a de cela quelques jours j’y pensais et voilà qu’il me devance pour parler du retard criard qu’accuse le système ivoirien d’enseignement et de formation professionnelle.
Ivoire Intellect-Technicien indien en dépannage
Technicien indien en dépannage, Crédit: Fulbert Koffi, photo utilisée avec son approbation

De quoi s’agit-il?

Des concessionnaires étrangers opérant dans l’électroménager s’installe en Côte d’Ivoire. Comme tout opérateur des domaines techniques et industriels, ils se doivent d’assurer le service après vente de leurs produits auprès des éventuels clients.

Et il se passe que leurs modems sont inadaptés sinon plus évolués. Conséquence, la main d’oeuvre formée en Côte d’Ivoire se trouve en incapacité d’assurer le service desdits opérateurs. Lesquels se trouvent donc contraints d’importer la main d’oeuvre de leur pays d’origine afin de garantir aux usagers de leurs produits la confiance.

Il n’y a pas que l’électroménager!

A la SOTRA (Société des transports abidjanais), des véhicules importés d’Inde pour assurer le transport par bus dans la capitale économique ivoirienne sont également sujettes à cette réalité.

Là-bas aussi, le service après vente des engins est assuré par une main d’oeuvre étrangère. Or, si le concessionnaire peut opérer en Côte d’Ivoire c’est parce qu’il y a une représentation. Du moins, c’est ce qui est admis selon les normes. D’après ces mêmes normes, tout opérateur étranger en Côte d’Ivoire est soumis à l’obligation de recruter à 80% son personnel parmi les nationaux.

Si donc, au nombre de ces nombreux ingénieurs et techniciens sortant des écoles de formation, aucun n’est appelé à cette tâche, on ne peut que montrer du doigt une seule raison: l’inadéquation de la formation locale aux exigences du marché mondiale.

Ces lignes viennent donc en appeler à l’urgence de réformer le système éducatif et de formation ivoirien. Un système sans conteste en entropie, qui si rien n’est fait, risque de voir ses impétrants à côté de la plaque et carrément en déphasage avec les exigences professionnelles mondiales.

Le monde étant à l’ère de la mondialisation et de la globalisation des économies, tâchons (nous ivoiriens) de nous y inclure. Le développement de la Côte d’Ivoire en est effluent et dépendant.

C’était mon analyse stratégique du développement. A bientôt.


La question de l’eau : que laisse-t-elle présager chez vous ?

Les disparités, comme il est du propre de la terre, s’expriment en tout lieu et à tous les niveaux du vécu. Cela est d’autant plus remarquable au sujet de l’eau. Les inégalités d’accès à la ressource, les catastrophes découlant de sa mauvaise maîtrise, les crises liées à son contrôle, les infections et pathologies issues de son impureté…

L’inégalité d’accès à l’eau, un problème qui dure

La liste des insuffisances est longue quand la question de l’eau est évoquée. Selon l’Agence Française de développement, 2,1 milliards de personnes sur les 7 milliards de terriens n’ont pas accès à une eau de qualité. Les répercussions, nous les connaissons. Pénuries, maladies, famine, misère – pour ne citer que ceux là – minent le quotidien de presque un tiers de la population mondiale.

C’est pas tout. Plus de 263 millions de ces personnes parcourent des distances pendant plus de 30 minutes pour se procurer de l’eau (de qualité indésirable en plus).

Encore faut-il relever que pour plus de 800 millions de personnes, les infrastructures de fourniture et de distribution d’eau sont à prévoir. Bref. Je ne veux aucunement alerter de plus belle, car assurément le monde, sinon ceux qui s’intéressent à la question de l’eau le savent déjà.

L’exposition sur l’eau

Ce mardi 10 avril 2018, une exposition de photos que j’ai contribué à organiser faisait un état des lieux de la précarité des conditions d’accès à l’eau et des dégâts environnementaux recelant de l’insuffisance des ouvrages d’assainissement. Pour être franc, certaines photographies ont choqué ma sensibilité.

Lire aussi: L’AFD initie une exposition photos pour sensibiliser sur l’eau

Je voudrais les partager avec vous, et traduire chaque cliché pour expliquer comment certains vivent leurs situations d’adaptation dans certaines parties du monde.

Première séquence (Exposition sur l’eau)
Tanzanie- Point de distribution d'eau
Tanzanie- Point de distribution d’eau, Crédit: AFD, Photo libre de droit
Bengladesh- Pompe commune de distribution d'eau
Bengladesh- Pompe commune de distribution d’eau, Crédit: AFD, Photo libre de droit

En Tanzanie et au Bangladesh, comme dans plusieurs régions du sud, le réseau d’adduction d’eau peine à se densifier. Soit pour cause d’inaction publique, soit par insuffisance des ressources en eau.

Quelques fois, cette situation peut s’expliquer par la pauvreté qui prive certaines bourses du privilège de s’abonner au réseau public de distribution d’eau. Pour répondre donc aux besoins en eau, les ménages se partagent des points d’approvisionnement, où l’eau est distribuée à la mesure des pouvoirs d’achat des populations.

Dans certaines communes d’Abidjan en Côte d’Ivoire, les seaux comme celui sur la première photo sont remplis en échange de 25 FCFA soit 0,03 euro.

Seconde séquence (Exposition sur l’eau)
Burkina Faso- Une femme à vélo transporte de l'eau d'un point de distribution à son ménage
Burkina Faso- Une femme à vélo transporte de l’eau d’un point de distribution à son ménage, Crédit: AFD, Photo libre de droit
Kenya- Un homme sortant de son bain d'un kiosque à eau
Kenya- Un homme sortant de son bain d’un kiosque à eau, Crédit: AFD, Photo libre de droit

Les photos ci-dessus parlent extrêmement et invitent la société tout entière à une réflexion prospective. Du moins c’est ce que je pense. La première photographie, prise au Burkina Faso, montre une jeune dame à vélo transportant plus de 120 litres d’eau pour ravitailler son ménage.

Figurez-vous que ce trajet, elle le répète au quotidien, toujours pour la même quantité d’eau (et souvent plus), pendant et après les saisons favorables. Rappelons que le Burkina Faso est situé dans la zone subsaharienne, plus précisément dans le Sahel.

L’autre photographie dresse un état des lieux d’une situation tout aussi habituelle que la première. Là, nous sommes au Kenya où des opérateurs informels ont trouvé des solutions à la pénurie d’eau dans les ménages. Les « kiosques à eau » comme on les appelle, sont des salles de bain publiques aux conditions d’hygiènes pas très enviables mais de tout de même bénéfiques.

A la disposition d’une clientèle de tous genres et de tous âges, les tenanciers des « kiosques à eau » fournissent aux populations des solutions rapides pour leurs besoins naturels avec des quantités d’eau à la juste mesure des exigences.

La question de l’eau pour ma part

Pour moi, l’eau est une ressource incontournable et le simple fait d’envisager sa pénurie est égale à souhaiter sa fin. Pendant qu’à un bout du monde certains prennent plaisir à son abondance, des milliers voire des millions de personnes donneraient tout pour ne serait-ce qu’un litre d’eau par jour.

Je crois aussi que, qu’importe la parcelle du monde de laquelle nous jouissons, les problèmes liées à l’accès à l’eau et les difficultés connexes devraient inciter notre humanisme à l’action collective.

« L’eau, nous l’avons en commun, mais nous en profitons inégalement. Triste réalité, et plus triste encore les peuples sans eaux » 

Pour voir l’exposition dans son intégralité, vous pouvez visiter la galerie Cap Sud Art  jusqu’au 11 mai 2018, en Abidjan (Côte d’Ivoire) ou voir les photos via le lien suivant https://bit.ly/2udfxos